En moins de 20 ans, le discours sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) en matière de durabilité est passé d’une initiative des Nations Unies, généralement considérée comme la première qui fait état des facteurs ESG en termes modernes¹, à un phénomène largement répandu. Les facteurs ESG couvrent un large éventail de sujets, qui sont interreliés, mais qui touchent en même temps toutes sortes d’enjeux, qu’il s’agisse de l’environnement ou de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI). Cette complexité fait qu’il est de plus en plus difficile pour les entreprises de mettre en œuvre l’ensemble des initiatives et des directives liées aux facteurs ESG, en particulier dans plusieurs régions différentes.

Le classement des entreprises en fonction de leurs cotes ESG suscite la controverse, alimentée par des points de vue divergents sur les facteurs ESG dans différents États américains, de sorte que certains États cherchent à les inclure dans leur législation et d’autres, à les exclure². Cette approche diffère de celle du Royaume-Uni et de l’Europe, où les initiatives et les règles de divulgation liées aux facteurs ESG bénéficient d’un soutien général et où l’obligation de déclaration pour les entreprises est en pleine mutation.

L’Union européenne (UE) s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de climat, de développement durable et de droits de la personne. Il en résulte donc des exigences plus strictes en matière de divulgation pour les entreprises qui exercent leurs activités dans ce marché, notamment en raison de la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité, qui élargit et remplace les obligations de déclaration existantes de renseignements non financiers. De plus, le règlement sur la publication d’informations en matière de finance durable et les exigences de la taxonomie de l’UE, qui visent à promouvoir une transition vers des investissements plus durables sur le plan environnemental, sont également appliqués³.

La surveillance du public représente également une préoccupation pour les chefs d’entreprise mondiaux. Les organismes de réglementation, les organismes de surveillance et les activistes surveillent de près les dirigeants, et les actes répréhensibles sont rapidement rendus publics.

Comme les dirigeants sont soumis à la pression des actionnaires pour se conformer aux nouvelles réglementations et directives, il est clair qu’il devient nécessaire de rendre des comptes précis sur les activités de l’entreprise. En ce qui concerne les facteurs ESG, les entreprises ne doivent pas exagérer les progrès qu’elles réalisent dans la lutte contre les changements climatiques, sous peine d’être accusées d’écoblanchiment. L’écoblanchiment consiste à tromper les consommateurs et les investisseurs sur les avantages écologiques d’un produit ou d’un service et peut entraîner d’importants problèmes financiers et de réputation pour les entreprises. Par exemple, l’organisme Carbon Market Watch, qui milite contre les changements climatiques, a surveillé de près la FIFA pendant la Coupe du monde de 2022 au Qatar, après qu’elle a affirmé que l’événement serait entièrement carboneutre. L’organisme a par la suite accusé la FIFA d’avoir sous-estimé considérablement les niveaux d’émissions associés au tournoi⁶.

En Europe, en 2024, la Commission européenne et les autorités nationales de protection des consommateurs ont annoncé qu’elles avaient commencé à intenter des poursuites contre 20 compagnies aériennes pour des pratiques trompeuses d’écoblanchiment. L’UE a déclaré avoir collaboré avec des organismes de surveillance belges, hollandais, norvégiens et espagnols pour identifier les compagnies aériennes, mais n’a pas voulu nommer ces dernières avant la fin de l’enquête⁷. Comme 69 % des chefs d’entreprises mondiaux conviennent [i] que leur secteur aura du mal à atteindre la cible de zéro émission nette, de nombreux dirigeants peuvent courir le risque de prendre des engagements qu’ils ne pourront pas respecter en ce qui concerne les facteurs ESG.

À un moment où la Securities and Exchange Commission (SEC) sévit contre l’écoblanchiment avec une série de nouveaux règlements et de mesures d’application, les chefs d’entreprise doivent faire preuve de prudence. Étant donné qu’un quart (25 %) des chefs d’entreprise mondiaux comptent investir dans de nouvelles technologies cette année, le risque d’IA-blanchiment représente une menace grandissante que les dirigeants doivent gérer avec précaution. 
Les règles de divulgation en matière de cybersécurité de la SEC obligent les entreprises à signaler tous les incidents importants de cybersécurité, ce qui représente également un risque supplémentaire pour les entreprises aux États-Unis.

« La lutte contre les réclames louangeuses est devenue un thème très courant, lorsque les entreprises exagèrent leurs situations en matière de cybersécurité, d’émission ou même d’utilisation de l’IA ». 
Jeremie Saada,
Chef, Risques exécutifs, États-Unis, Beazley